Pourquoi une heure à Casablanca ne ressemble pas à une heure à Essaouira
Avez-vous déjà remarqué comme le temps semble s’étirer différemment selon où vous vous trouvez au Maroc ? Cette sensation n’est pas une illusion : elle révèle une vérité profonde sur notre perception du temps vécu versus le temps mesuré. Entre les théories d’Eckhart Tolle sur le moment présent et les découvertes d’Albert Moukheiber sur les tours que nous joue notre cerveau, explorons cette magie temporelle toute marocaine.
L’équation marocaine du temps : Stress × Environnement = Perception
À Casablanca, capitale économique où résonnent les klaxons et les téléphones, une journée de 8 heures peut sembler interminable. Le cerveau, bombardé de stimuli et noyé dans l’urgence perpétuelle, dilate sa perception temporelle. « Had nhar ma khlass » devient le refrain quotidien.
À Marrakech, dans les jardins de la Ménara ou autour d’un thé sur une terrasse de la médina, ces mêmes 8 heures filent comme l’eau d’une source de l’Atlas. Ici, le temps retrouve sa fluidité naturelle, celle que nos ancêtres connaissaient avant l’invention de l’horloge.
La science derrière la magie : Quand Moukheiber explique nos « 7sissat«
Albert Moukheiber, dans « Votre Cerveau vous joue des tours », nous éclaire sur ce phénomène fascinant. Notre cerveau traite différemment le temps selon notre état émotionnel et notre environnement. Quand nous sommes stressés – comme dans les embouteillages de Casa -, notre système nerveux produit plus d’adrénaline, accélérant notre horloge interne et faisant traîner chaque minute.
À l’inverse, dans un état de zen marrakchi, notre cerveau produit plus de sérotonine et d’endorphines, créant cette sensation délicieuse où « l’waqt kay3addou bla ma nt3arfou« .
L’héritage temporal de nos jdoud
Nos grands-parents avaient une relation au temps que nous avons en partie perdue. Ils vivaient selon le rythme des saisons, des prières, du soleil. « Waqt l’3asr« , « waqt l’maghrib » – ces expressions révèlent une temporalité organique, connectée aux cycles naturels.
Cette sagesse ancestrale rejoint parfaitement les enseignements d’Eckhart Tolle sur le pouvoir du moment présent. Quand votre jedd sirotait son atay en contemplant le coucher de soleil, il pratiquait sans le savoir cette présence totale que Tolle prêche dans le monde entier.
Les villes marocaines et leurs « personnalités temporelles »
Casablanca – La temporalité de l’urgence : Ici, le temps c’est de l’argent. Les rendez-vous sont précis, les délais serrés, la productivité roi. Cette approche moderne du temps, bien qu’efficace, génère stress et déconnexion du moment présent.
Marrakech – La temporalité de la contemplation : Dans la ville ocre, le temps garde sa saveur traditionnelle. Les négociations traînent délicieusement, les thés se multiplient, et « incha’Allah » tempère l’urgence occidentale.
Chefchaouen – La temporalité de la sérénité : Dans les ruelles bleues du Rif, le temps semble suspendu. Chaque instant invite à la méditation, chaque coin de rue à la poésie.
Tanger – La temporalité du passage : Ville de tous les mélanges, Tanger vit un temps hybride entre tradition et modernité, entre Europe et Afrique.
Comment retrouver la maîtrise de notre temps intérieur ?
- La technique du « moment 3andi« : Plusieurs fois par jour, arrêtez-vous et demandez-vous : « Fin ana daba ? Chnou kan7ass ? » Cette simple prise de conscience vous reconnecte au présent.
- Le rituel de la pause thé : Transformez votre pause thé en moment de pleine conscience, loin des écrans et des préoccupations.
- La marche méditative marocaine : Dans votre quartier, sur la corniche ou dans un jardin, marchez lentement en portant attention à chaque sensation.
- La respiration du « raha« : Inspirez la baraka, expirez le stress. Cette respiration consciente ralentit immédiatement votre perception du temps.
L’art marocain de conjuguer tous les temps
Le génie de notre culture réside peut-être dans cette capacité à naviguer entre différentes temporalités selon le contexte. Efficace à Casa quand il faut, contemplatif à Marrakech quand c’est nécessaire, sage en famille quand le moment l’exige.
Cette flexibilité temporelle, loin d’être de l’indiscipline, révèle une intelligence culturelle profonde : celle de savoir adapter notre rapport au temps à ce que la situation demande vraiment.
Conclusion : Vers une temporalité marocaine consciente
Entre les leçons d’Eckhart Tolle et les explications d’Albert Moukheiber, entre la sagesse de nos jdoud et les défis de la modernité, nous pouvons inventer une nouvelle façon marocaine de vivre le temps. Une temporalité qui honore à la fois l’efficacité moderne et la sérénité traditionnelle.
Car au final, que nous soyons à Casa ou à Ouarzazate, le secret reste le même : celui qui sait vivre dans l’instant présent gagne sur tous les tableaux.
Alors, où que vous soyez au Maroc, prenez le temps de savourer ce moment unique. Il ne reviendra jamais exactement pareil, et c’est ça toute sa beauté.


